Prêcher les sermons du vendredi en série thématique

Louange à Allâh, Maître des Mondes ; et paix et salut sur celui qu’ Allâh a envoyé comme miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Résurrection. Cela dit :

Il n’est guère recommandé de consacrer une série de sermons à un thème précis de la religion afin d’organiser le prêche du vendredi, ou de se limiter à une discipline et répartir ses thèmes sur une série de sermons enchaînée. Une telle méthode de prêche est non agréée, même si l’on prétend que c’est une méthode à laquelle s'attache un nombre d'avantages et de faveurs ayant trait à la prédication de manière à transformer des sermons du vendredi en une succession de cours renfermant une science bénéfique dont l'assistance pourrait tirer profit.  

Les défenseurs de cette approche soutiennent que l’enchaînement ordonné des sujets retient l’attention de l’auditoire et suscite chez lui l’esprit d’une curiosité croissante afin de découvrir le contenu du prochain sermon. Mais nous leur répondons qu’à notre connaissance, ni le Prophète, ni ses Compagnons, ni leurs Successeurs n’ont adopté cette méthode.

Les prêches du Prophète صلّى الله عليه وسلّم consistaient à rappeler aux fidèles les moyens d’améliorer leur condition morale et matérielle ; à les inciter à l’adoration exclusive du Seigneur et à l’observance de la Sounna ; à les mettre en garde contre le polythéisme, les hérésies, les innovations religieuses et les voies de l’égarement, et les prévenir de leurs conséquences néfastes. En somme, le Prophète صلّى الله عليه وسلّم composait son sermon suivant les circonstances et selon ce que dicte la mission d’éducation et de prédication.

Ibn Al-Qayyim nous fournit des sermons du Prophète صلّى الله عليه وسلّم la description suivante : « Son sermon était court, sa prière longue, il redoublait les invocations et prenait soin de s’exprimer par des phrases concises. “La brièveté du prêche, disait-il, et la longueur de la prière représentent, chez l’homme, un signe de Fiqh(1).” (2)
Il enseignait à ses Compagnons la Charia, les préceptes de l’Islam et ajustait son discours, en ce qui concerne les ordres et les interdits, en fonction des événements. » (3) 

Ainsi, les imams, dans leur sermon du vendredi, doivent prendre en exemple le Prophète صلّى الله عليه وسلّم et se conformer à cette méthode. Il faut savoir qu’à son époque صلّى الله عليه وسلّم, le besoin de consacrer des prêches successifs traitant du même sujet existait ; mais l’Envoyé d’Allah, sans qu’il y ait un empêchement ou un imprévu, n’a point fait usage d’une telle méthode. Cela en fait donc une « tradition par non-usage » à laquelle nous devons nous conformer, dans le fond et dans la forme.

Si, dans la vie sociale, les outils et les procédés de prédication sont laissés à la libre appréciation du prédicateur, dans la vie religieuse, ils demeurent règlementés par la Charia. Les moyens de prédication doivent en outre respecter les textes et les règles de l’Islam. En effet, il a été précédemment cité qu’en principe : tout acte [d’adoration] que le Prophète صلّى الله عليه وسلّم n’a pas fait malgré l’existence du motif et l’absence des empêchements, son délaissement est donc considéré comme Sounna étant donné que le Prophète صلّى الله عليه وسلّم l’a intentionnellement laissé. Ainsi, la méthode de prédication en question s’oppose à cette [catégorie] de Sounna lorsqu’elle met en pratique ce qui est à délaisser.

Aussi, le fait de prétendre que cette méthode de prêche où l’on se limite à une discipline en répartissant le même thème sur une série de sermons enchaînée est une méthode à laquelle s'attachent  les avantages et les faveurs susmentionné ; à cela nous répondons qu’une telle méthode ne manque pas aussi d’inconvénients dont voici quelques uns :

 L’imam pourrait passer à côté de disciplines et de questions plus urgentes et plus en accord avec les préoccupations actuelles de la communauté.
L’intérêt de l’enchaînement ordonné des sermons serait moindre, voire nul pour les fidèles absents lors des prêches précédents, en particulier quand la compréhension du sujet en cours repose sur la connaissance d’éléments antérieurs.

Rappelons enfin que les sermons du vendredi, à l’exemple de ceux du Prophète صلّى الله عليه وسلّم, ne sont pas destinés à prodiguer aux auditeurs une série de cours religieux formatifs, mais constituent plutôt un ensemble de morales et de leçons exhortatives.

Si L’imam désire apprendre aux gens leur religion, il peut, durant la semaine, délivrer des cours de sciences de la religion à la mosquée, et non pas les délivrer en temps inadéquat (pendant les sermons du vendredi).

En conclusion, cette méthode de prédication va à l’encontre des règles de l’Islam, car elle s’oppose à la tradition du Messager  صلّى الله عليه وسلّمconcernant le délaissement d’un acte et comporte plus, ou au moins, autant d’inconvénients que d’avantages.

 Le savoir parfait appartient à Allâh, et notre dernière invocation est qu'Allah, Seigneur des Mondes, soit loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu'au Jour de la Résurrection.




(1) Rapporté par Mouslim (869) d’après le hadith de ‘Ammâr Ibn Yâşir رضي الله عنهما.
(2) C’est-à-dire un signe d’une bonne compréhension de la religion. NDT.
(3) Voir : Zâd Al-Ma‘âd  d’Ibn Al-Qayyim (1/ 426-427).



Source : http://ferkous.com/home/?q=fr/art-mois-fr-110