Conseil à celle qui retarde son mariage
Cheikh Mohammed Ali Ferkous (حفظه الله)
ِQuestion : Que conseillez-vous à une femme qui retarde son mariage : lorsqu’un homme qui possède la piété et les bonnes moralités la demande en mariage, elle le refuse en prétextant qu’il n’est pas un étudiant en sciences [de la religion islamique], de même qu’elle ne s’imagine pas vivre avec un homme qui ne connaît de l’Islam que les grandes lignes ?
Réponse :Louange à Allâh, Maître des Mondes ; et paix et salut sur celui qu’Allâh a envoyé en miséricorde pour le monde entier, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Rétribution. Cela dit :

Les textes prophétiques disent de façon claire que la décision du mariage revient en premier lieu à la femme, car c’est elle la concernée. De là, il n’est pas permis que l’on néglige son opinion, que l’on omette son consentement ou que l’on prenne arbitrairement la décision [à sa place] sans la consulter par rapport à ce sujet.
Aussi, la femme raisonnable ne doit-t-elle pas retarder son mariage lorsqu’un prétendant pieux et connu pour son honneur et ses bienséances se présente à elle. Le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a dit :
« Si quelqu’un dont la foi et la moralité vous satisfont demande votre fille en mariage, accordez-la lui, car si vous ne le faites pas, cela peut devenir une source de tentation et de grande débauche sur terre. » (1)

De plus, il est clair que le hadith énonce que le prétendant soit pourvu de piété et de moralité, car l’homme pieux et de bonnes moralités se comportera convenablement envers sa femme s’il cohabite avec elle, et la libérera conformément à la bienséance, s’il la répudie suivant les versets coraniques. D’autre part, beaucoup d’étudiants en sciences [de la religion islamique] n’ont point bénéficié du savoir qu’ils ont appris et ont été privés de le mettre en application, alors que l’application est le fruit du savoir. Nombreux sont aussi ceux, parmi eux, qui ont une mauvaise moralité et s’écartent vraiment de la religion.
À mon avis, il suffit que l’homme convenable ait de la piété et aime le savoir [religieux] et les ulémas, même s’il n’est pas un savant ou un étudiant en sciences [de la religion islamique]. Pour cela, lorsqu’un homme dit à Al-Haşane Ibn ‘Ali : « J’ai une fille. Quel est l’homme [convenable], à ton avis, auquel je pourrais la marier ?» Al-Haşane lui répondit :
« Marie-la à celui qui craint Allâh (celui qui a de la piété), car celui-ci l’honorera s’il l’aime, mais ne se montrera jamais injuste envers elle s’il ne l’aime pas. » (2) Sans tenir compte, évidemment, de la capacité du mari à couvrir les dépenses qui sont une charge qu’il doit assumer, en raison de la consommation du mariage. Cependant, s’il est incapable d’assumer cette charge, il lui manquera, alors, la condition requise pour le mariage même s’il est un homme pieux et de bonnes moralités, conformément au hadith dans lequel le Prophète صلَّى الله عليه وسلَّم a dit :
« Ô jeunes ! Celui d’entre vous qui est capable de supporter les charges du mariage doit se marier… » (3)
Du reste, si la femme qui a posé la question ne s’imagine pas qu’elle vivra avec un homme ne connaissant de l’Islam que les grandes lignes, elle a le droit d’exiger du prétendant, à l’instar de ceux que nous avons mentionnés étant pourvus de piété et de bonnes moralités, dans le contrat de mariage, de lui permettre d’acquérir davantage de savoir [religieux] et de ne pas la priver d’assister aux cours où l’on étudie la science [de la religion islamique] qu’ils soient publics ou privés.

Au demeurant, s’il se présente à elle un jurisconsulte ou un étudiant en sciences [de la religion islamique] pieux et ayant de bonnes moralités, ce sera, alors, une grande faveur qu’elle pouvait espérer. Nous invoquons Allâh de lui accorder un prétendant de ce genre qu’elle désire. Néanmoins, si elle craint que le temps passe avant qu’une telle personne ne se présente, dans ce cas-là, le prétendant ayant de la piété et des bonnes moralités passe avant celui qui dispose du savoir, ou du jurisconsulte dépourvu de piété et de bonne moralité.
Le savoir parfait appartient à Allâh سبحانه وتعالى, et notre dernière invocation est qu’Allâh, Seigneur des Mondes, soit Loué et que prière et salut soient sur notre Prophète, ainsi que sur sa Famille, ses Compagnons et ses Frères jusqu’au Jour de la Rétribution.
Alger, le 9 Radjab 1416 H
correspondant au 1 décembre 1995 G

(1) Rapporté par At-Tirmidhî (1085) et par Al-Bayhaqî (13863) par l’intermédiaire d’Abou Hâtim Al-Mouzanî رضي الله عنه. Par ailleurs, il est rapporté par Ibn Mâdjah (1967) par l’intermédiaire d’Abou Hourayra رضي الله عنه. Ce hadith est jugé Haşane (bon) par Al-Albânî dans Al-Irwâ’ (1868).

(2) Voir : le livre intitulé Al-‘Iyâl d’Ibn Abî Ad-Dounyâ (1/273) ainsi que Charh As-Sounna d’Al-Baghawî (9/11).

(3) Rapporté par Al-Boukhârî (5065) et par Mouslim (1400) par l’intermédiaire d’Ibn Mass‘oûd رضي الله عنه.

Source :
http://ferkous.com/home/?q=fr/fatwa-fr-171